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Nicolas D :
Tu disais que tu as un vélo à rétropédalage, mais que tu ne l'as pas pris pour la vélorution de ce soir. Qu'est-ce que tu peux me dire à propos du rétropédalage ?
Nicolas :
Que c'est plus confortable à petite vitesse.
Nicolas D :
À petite vitesse pourquoi ?
Nicolas :
Parce qu'après, quand tu essaies d'aller plus vite, j'ai l'impression que ça freine moins bien.
Nicolas D :
Et du coup ça a un impact sur ta conduite ?
Nicolas :
C'est sur un vélo que j'utilise pour les balades plutôt que pour en ville.
Nicolas D :
Tu privilégies ce moyen de transport pour quelque chose qui est plus de l'ordre du cyclotourisme.
Nicolas :
C'est ça oui. Parce que je n'ai que ce frein-là et je n'ai pas de frein avant en plus, c'est un Hollandais et du coup il n'y a qu'un seul frein. 
Nicolas D :
Tu l'as acheter aux Pays-Bas ?
Nicolas :
Il vient des Pays-Bas oui.
Nicolas D :
Tu l'utilises pour les balades parce que comme tu le disais ça freine un peu plus lentement, c'est parce que tu préfères du coup dans ces cas-là ?
Nicolas :
C'est qu'en ville, je préfère m’arrêter rapidement plutôt que dans une voiture.
Nicolas D :
Tu penses que s'il y avait des infrastructures un peu différentes, ce serait différent ?
Nicolas :
Oui, ce serait plus agréable. J'habitais à Strasbourg avant et j'avais un vélo à rétropédalage et je n'avais aucun souci là-bas. Étant donné que tout est cyclables, tout est séparé de la rue. Je ne me disais jamais, est-ce que je prends ce vélo-là ou pas, alors qu'ici, à Lille, je préfère prendre avec des vrais freins.
Nicolas D :
S'il y avait plus d'infrastructure, tu...
Nicolas :
Je l'utiliserais plus facilement.
Nicolas D :
Tu peux me parler un peu de ton expérience strasbourgeoise ?
Nicolas :
Il y a tout le temps une piste cyclable qui est principalement séparée de la rue et le plus souvent des voitures, des parkings de voiture. On est tout le temps séparé, on se sent en sécurité au lieu d'être parmi les voitures, les bus, les camions, sur une piste cyclable ou c'est juste un trait de peinture qui n'est pas rassurant non plus.
Nicolas D :
Sur une bande cyclable ?
Nicolas :
Voilà une bande cyclable !
Nicolas D :
Si tu avais le choix, tu préférerais utiliser un vélo à rétropédalage ?
Nicolas :
Oui, ça dépend. Je préfère mon vélo de course qui est plus léger et plus rapide que mon Hollandais qui est lourd, mais pour un vélo classique, je préférerais avoir au rétropédalage.
Nicolas D :
Pour un vélo de tous les jours ?
Nicolas :
Pour tous les jours en ville.
Nicolas D :
Je ne sais pas si tu as envie d'ajouter quelque chose d'autre ?
Nicolas :
Non. Le vélo, c'est chouette.
Louise
Nicolas :
Dis-moi, Louise, pourquoi tu as un vélo à rétropédalage ?
Louise :
Parce que mon papa en a toujours eu et il m'a appris vers mes quinze ans à conduire ça et j'ai gardé ce truc là. Je me suis fait voler deux ou trois vélos en rétropédalage uniquement et j'en ai toujours racheté, c'est une habitude de conduite.
Nicolas :
Qu'est-ce que ça produit ? Tu as déjà conduit avec des freins à jantes « classique » ?
Louise :
Oui oui, forcément pour apprendre à faire du vélo, ou quand je suis en vacances, je loue des vélos. Finalement, ça devient plus dangereux pour moi de conduire un vélo normal entre guillemets. Parce que je n'ai plus le réflexe d'utiliser mes mains pour freiner.
Nicolas :
Tu préfères la conduite du vélo à rétropédalage ?
Louise :
Oui, je préfère parce que ça me permet d'anticiper vachement plus. De regarder plus autour de moi parce que je ne peux pas faire un freinage d'urgence par exemple, ça va être forcément deux ou trois mètres pour m’arrêter plutôt qu'en arrêt immédiat.
Nicolas :
Tu penses que ça pourrait avoir un impact sur la conduite des autres aussi ?
Louise :
Oui.
Nicolas :
Comment tu gères la circulation ?
Louise :
C'est très dur. En particulier tout ce qui est voiture. En tout cas moi, je vois qu'ils n'ont pas forcément le réflexe de se dire : mon dieu, il y a un vélo, je vais peut-être un peu m'écarter ou je vais faire attention à comment je freine. Ça m'arrive plusieurs fois par semaine de suivre une voiture parce que je ne veux pas la dépasser et puis voilà ça pile et puis je rentre dans le pare-choc arrière et je me retrouve à donner mon numéro de téléphone. Il n'y a jamais rien, mais je le fais quand même parce que je suis sympa et que c'est mon matériel qui embête plus qu'autre chose.
Nicolas :
Tu crois que c'est ton matériel ?
Louise :
Je pense que ça surprend les gens ! Ils ont l'habitude des vélos qui peuvent freiner d'un coup et le fait de ne pas connaître ce genre de chose ou très peu, ils n'ont pas forcément le réflexe de se dire : j'ai quelqu'un derrière moi, je vais anticiper aussi.
Nicolas :
Parce que toi, tu es obligée d'énormément anticiper ?
Louise :
Oui effectivement oui ! C'est une grosse concentration de rouler avec ce type de freins. Après ça me réveille bien le matin et le soir, ça me fait du bien quand je rentre.
Nicolas :
Pourquoi tu préfères si ça te demande autant de concentration ?
Louise :
Ça a un côté fort original, ça a un côté fort intriguant, il y a pas mal de voiture ou de vélo qui s'arrête à côté de moi et qui me demandent : comment tu fais pour t’arrêter ? Généralement, je laisse mon vélo à quelqu'un, je lui dis : fais un petit tour de quartier et reviens, tu vas comprendre.
Nicolas :
C'est comme ça que tu te les ai fait volé les deux autres ?
Louise :
Non. Je ne me les suis pas fait voler à Lille. Je me les suis fait voler à Dunkerque et c'était à une époque où il y avait les migrants qui allaient à Calais à vélo. En même temps, si ça a pu servir, je ne suis pas si dégoûtée que ça. 
Nicolas :
C'est un vol utile.
Louise :
C'est ça, c'est un vol utile ! Après, je ne sais pas s'ils ont réussi à en faire, c'est ce que je me suis dit : mince, est-ce qu'ils savent comment ça fonctionne ?
Mathilde
Nicolas :
D'accord Mathilde, donc tu as un vélo à rétropédalage ?
Mathilde :
C'est ça, un vieux vélo hollandais, double barre !
Nicolas :
Tu t'en sers pour quoi ?
Mathilde :
Pour me déplacer en ville quand je ne suis pas trop fatiguée parce qu'il est lourd.
Nicolas :
C'est surtout le poids qui t'embête ?
Mathilde :
Oui sinon le rétropédalage, c'est bien !
Nicolas :
Pourquoi tu trouves que c'est bien ?
Mathilde :
Parce que tu peux avoir les mains libres pour freiner et ça te permet de freiner doucement. C'est agréable de pouvoir freiner avec les jambes et de ne pas devoir serrer les poignées et de pouvoir faire autre chose avec ses mains.
Nicolas :
Tu as une conduite différente quand tu es à vélo à rétropédalage ?
Mathilde :
Tu es obligé de plus anticiper ce que tu fais qu'avec des freins aux poignets.
Nicolas :
D'accord.
Mathilde :
Parce que ça ne freine pas aussi sec. Si tu donnes un gros coup de frein arrière, comme sur un fixie, ça bloque la roue. Mais si tu fais au fur et à mesure, c'est plutôt ralentir, il faut plus voir si ça va ralentir devant toi, prévoir plus tôt.
Nicolas :
 Pourquoi tu ne l'utilises pas tous les jours ? Est ce que tu penses que c'est dangereux ?
Mathilde :
Je ne trouve pas. Je trouve que tu es quand même moins réactif avec un vélo à rétropédalage parce qu'en cas de freinage d'urgence, c'est moins efficace qu'un frein aux mains. Mais c'est aussi parce que mon vélo hollandais, c'est un frein à tringle, et j'ai les deux, le rétropédalage, plus les tringles aux poignets. Non, c'est juste que j'aime bien changer de vélo, mais sinon je trouve ça pratique.
Nicolas :
Tu trouves que ça gagnerai à être connu ?
Mathilde :
Oui, je trouve qu'on devrait mettre plus de rétropédalage sur les vélos modernes. Même sur un vélo tout simple, un single speed avec rétropédalage. C'est réactif comme un vélo de ville et en même temps agréable parce que tu peux freiner plus en douceur. Tu as les deux, réactivité et papi mamie, confort et réactivité.
Nicolas :
Par quoi tu l'expliques ce plus de confort ?
Mathilde :
Je ne sais pas, vu que tu as une conduite un peu différente, un peu moins agressif avec un vélo à rétropédalage, je trouve que tu regardes plus la route. Ça a le côté rétro aussi, c'est marrant de faire du rétropédalage. C'est un peu embêtant quand tu t'arrêtes, il faut réfléchir à comment tu mets tes pieds, pour redémarrer des fois si tu n'es pas dans le bon sens, ce n'est pas l'idéal.
Nicolas :
Ok, super, merci beaucoup.
Mathilde :
Ah oui et quand, il pleut, c'est plus efficace comme freinage qu'un frein sur jante ou même sur disque. Parce que comme c'est à l’abri de l'humidité, ça freine mieux quand il pleut. C'est moins réactif dans la vie de tous les jours, mais en cas de mauvais temps, ça freine mieux. 
Dérapage contrôlé ?
une phénoménologie du rétropédalage.
Nicolas Duchêne sous la direction de Miguel Mazeri
ENSCI-Les-Ateliers - 2019